Les troubles du spectre autistique (TSA) touchent un pourcentage significatif de la population mondiale. Bien que les facteurs génétiques jouent un rôle déterminant, de plus en plus de recherches mettent en évidence l’influence de l’environnement, notamment des aliments que nous consommons. Des études récentes ont soulevé une hypothèse intrigante : certaines protéines alimentaires, notamment celles issues du gluten et de la caséine, pourraient être impliquées dans les symptômes du TSA par le biais de la production de peptides opioïdes. Ces peptides, tels que les β-casomorphines, pourraient influencer le comportement et les fonctions cérébrales après leur absorption dans l’intestin [1][2][3].
Dans ce blog, nous explorerons les recherches récentes sur le lien entre l’intestin et le cerveau dans le contexte de l’autisme, en nous concentrant sur le rôle des peptides opioïdes et sur les implications des différents types de caséine présents dans le lait.
Articles clés : Peptides opioïdes, digestion et comportement
- Gut Uptake, Brain and Behaviour (2014)
Cette étude examine l’impact des protéines alimentaires mal digérées sur le comportement humain, en particulier chez les individus atteints de TSA. Les auteurs expliquent que des protéines comme le gluten et la caséine, lorsqu’elles ne sont pas complètement digérées, peuvent produire des peptides bioactifs appelés exorphines. Une fois absorbées par l’intestin, ces exorphines sont capables de franchir la barrière hémato-encéphalique et d’interagir avec le système nerveux central, influençant divers aspects du comportement, y compris l’humeur et les capacités cognitives. Les résultats suggèrent que ces peptides pourraient être associés à des troubles comportementaux tels que l’anxiété et la dépression, renforçant l’idée que l’alimentation joue un rôle essentiel dans l’expression des symptômes autistiques [1]. - Exorphin Peptides in Urine with HPLC-MS/MS Detection (2015)
L’étude de Tveiten et al. se concentre sur l’amélioration des techniques de détection des peptides opioïdes dans les échantillons d’urine, en utilisant des avancées technologiques comme la chromatographie liquide à haute performance couplée à la spectrométrie de masse (HPLC-MS/MS). Cette méthode permet d’analyser les échantillons avec une précision accrue, facilitant l’identification de peptides tels que les β-casomorphines, issues de la dégradation de la caséine. Les résultats confirment la présence de ces peptides dans l’urine des individus diagnostiqués avec des TSA, suggérant un lien direct entre la consommation de produits laitiers et l’apparition de ces peptides dans le corps. Les auteurs concluent que cette méthode de détection est cruciale pour mieux comprendre les mécanismes biologiques sous-jacents aux troubles neuropsychiatriques et pour évaluer l’impact des régimes alimentaires spécifiques [2]. - Urinary opioid peptides in children with autism spectrum disorders (2023)
Cette étude pilote menée par Tveiten et al. examine la présence de peptides opioïdes dans l’urine d’enfants atteints de TSA. Les chercheurs ont analysé les échantillons urinaires de plusieurs enfants, en particulier ceux présentant des symptômes gastro-intestinaux tels que la constipation et les douleurs abdominales. Les résultats révèlent des niveaux significativement plus élevés de peptides opioïdes chez ces enfants par rapport à ceux qui n’avaient pas de troubles gastro-intestinaux. Ces découvertes renforcent l’idée que l’alimentation, notamment les régimes sans gluten et sans caséine, pourrait jouer un rôle dans la gestion des symptômes des TSA. Cependant, les auteurs soulignent la nécessité d’études plus larges pour valider ces résultats et mieux comprendre les interactions entre digestion, absorption des peptides et impact sur le comportement des enfants autistes [3].
Le rôle des protéines de lait A1 et A2
Une attention particulière doit être accordée à la caséine, une protéine présente dans le lait, qui se décline en deux types principaux : A1 et A2. Les recherches montrent que ces deux types de caséine peuvent avoir des effets différents sur la santé.
Casomorphine-7 et ses implications pour la santé
L’étude de Şahin et al. (2018) met en lumière les risques associés à la consommation de lait contenant de la caséine A1, qui produit le peptide casomorphine-7. Cette casomorphine peut avoir des effets indésirables sur la santé humaine, notamment en influençant les réponses immunitaires et en exacerbant des conditions inflammatoires [4]. En revanche, la caséine A2 est généralement considérée comme plus sûre, car elle ne produit pas ce peptide de manière significative, ce qui pourrait en faire une alternative préférable pour les personnes sensibles.
Comparaison des effets gastro-intestinaux
Une étude comparative réalisée par Ho et al. (2014) a révélé que les effets gastro-intestinaux de la caséine A1 sont souvent moins favorables que ceux de la caséine A2. Les participants à cette étude ont montré des mesures gastro-intestinales plus favorables après consommation de lait A2, suggérant que ce dernier pourrait être mieux toléré par les individus ayant des sensibilités alimentaires [5]. D’autres recherches, comme celles de Priyanka Priyadarshini et al. (2018), confirment que la consommation de lait A1 pourrait entraîner des effets néfastes sur la santé, renforçant l’idée que le choix du type de caséine est crucial pour les personnes, notamment celles atteintes de TSA [6].
ImuPro et UriPep : des outils complémentaires pour une approche personnalisée
Les recherches récentes ont permis de développer des méthodes pratiques pour détecter et traiter les sensibilités alimentaires ainsi que les troubles associés. Dans ce contexte, les tests ImuPro et UriPep se présentent comme des outils essentiels pour une évaluation globale de la santé.
ImuPro
Le test ImuPro analyse les anticorps IgG spécifiques à diverses protéines alimentaires, notamment le gluten et la caséine. Conçu pour identifier les sensibilités alimentaires non allergiques, il aide à diagnostiquer des symptômes chroniques tels que les migraines, les troubles gastro-intestinaux et les problèmes de concentration. En fournissant un profil personnalisé des réactions immunitaires d’un individu, ImuPro permet aux praticiens de recommander des ajustements diététiques ciblés. Les recherches de Reichelt et al. (2012) montrent que ces sensibilités peuvent avoir un impact significatif sur le comportement et la cognition, soulignant l’importance d’une détection précoce pour la gestion des TSA [7].
UriPep
De son côté, UriPep se spécialise dans la détection des peptides opioïdes présents dans l’urine, tels que les β-casomorphines et les exorphines du gluten. Ces peptides résultent d’une digestion incomplète des protéines alimentaires et sont fréquemment associés à des symptômes gastro-intestinaux et neurologiques. Woodford (2021) explique que ces peptides peuvent avoir des effets systémiques qui touchent non seulement le système digestif, mais aussi le cerveau et d’autres organes internes, influençant ainsi divers aspects de la santé physique et mentale [8]. En identifiant ces peptides, UriPep permet de mettre en lumière des sensibilités alimentaires qui peuvent ne pas être détectées par les tests IgG, fournissant ainsi une vision complémentaire de l’impact de l’alimentation sur la santé.
Pourquoi les combiner ?
L’association des tests ImuPro et UriPep offre une approche synergique qui permet de mieux appréhender l’impact des aliments sur la santé. Si les deux tests montrent des résultats positifs — la présence d’anticorps IgG pour certains aliments et la détection de peptides exorphines dans l’urine — cela renforce l’hypothèse que l’alimentation est un facteur clé des symptômes observés. Cette double confirmation offre des preuves solides tant sur le plan immunologique que biochimique, facilitant ainsi la prise de décision pour adopter un régime d’élimination. Par exemple, la détection d’IgG contre les protéines du lait, associée à la présence de β-casomorphines dans l’urine, constitue un indicateur fort d’intolérance au lait. De plus, même en l’absence de réponse IgG, la présence de peptides dans l’urine peut suggérer un effet néfaste de certains aliments, justifiant ainsi leur suppression. Cette approche intégrée permet aux professionnels de la santé de concevoir des régimes alimentaires plus personnalisés et adaptés aux besoins spécifiques de chaque individu.
Conclusion : Vers une meilleure gestion des troubles du spectre autistique
Les recherches sur l’axe intestin-cerveau et les peptides opioïdes ouvrent de nouvelles perspectives pour la gestion des TSA et d’autres troubles neuropsychiatriques. Les études montrent que les peptides opioïdes dérivés d’aliments peuvent jouer un rôle dans les symptômes comportementaux et gastro-intestinaux. Les tests ImuPro et UriPep, en combinant la détection des anticorps et des peptides dans l’urine, offrent une approche complète pour identifier les sensibilités alimentaires souvent négligées. Pour les personnes atteintes de TSA, cela signifie que des régimes alimentaires personnalisés, basés sur des tests scientifiques, pourraient aider à atténuer certains symptômes, améliorant ainsi leur qualité de vie. Il est cependant essentiel de poursuivre les recherches afin de valider ces approches à plus grande échelle et de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents.
Références
- Tveiten, D., & Reichelt, K.L. (2014). “Gut Uptake, Brain and Behaviour.” Journal of Scientific Research & Reports, 3(22), 2834-2847.
- Tveiten, D. et al. (2015). “Exorphin Peptides in Urine with HPLC-MS/MS Detection.” IJISET – International Journal of Innovative Science, Engineering & Technology, 2(11).
- Tveiten, D. et al. (2023). “Urinary opioid peptides in children with autism spectrum disorders. A Pilot Study.” Translational Science of Rare Diseases.
- Şahin, Özcan & Boztepe, Saim & Aytekin, İbrahim. (2018). “A1 and A2 Bovine Milk, the Risk of Beta-casomorphin-7 and Its Possible Effects on Human Health.” Selcuk Journal of Agricultural and Food Sciences, 32, 640-645. https://doi.org/10.15316/SJAFS.2018.147
- Ho, S., Woodford, K., Kukuljan, S. et al. (2014). “Comparative effects of A1 versus A2 beta-casein on gastrointestinal measures: a blinded randomised cross-over pilot study.” Eur J Clin Nutr, 68, 994–1000. https://doi.org/10.1038/ejcn.2014.127
- Priyanka Priyadarshini, Chinmoy Mishra, Bandita Mishra, Krutanjali Swain, Mangalika Rout, Sidhrath Prasad Mishra. (2018). “Impact of milk protein on human health: A1 verses A2.” Int J Chem Stud, 6(1), 531-535.
- Reichelt, K.L., Tveiten, D., Knivsberg, A.M., & Brønstad, G. (2012). “Peptides’ role in autism with emphasis on exorphins.” Microbial Ecology in Health and Disease, 23.
- Woodford, K.B. (2021). “Casomorphins and Gliadorphins Have Diverse Systemic Effects Spanning Gut, Brain and Internal Organs.” International Journal of Environmental Research and Public Health, 18(7911).